Première révolution : l’émergence logique du principe sélectif : Introduction

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[Les deux textes qui suivent articulent d’une manière nouvelle des éléments empruntés à plusieurs exposés didactiques antérieurs portant sur la relation entre biologie évolutive et théorie de la civilisation chez Darwin.]La structure logique de la théorie darwinienne de la transformation des espèces par sélection naturelle, telle qu’elle se dégage à la fin de l’année 1859 de L’Origine des espèces, est indissociable de sa genèse, et mobilise successivement et complémentairement le modèle de l’activité sélective des éleveurs et des horticulteurs (sélection artificielle) et celui, issu de Malthus, de l’antagonisme entre pressions de population et ressources. Autour d’un schéma didactique qui s’est imposé depuis les années 1980, Patrick Tort réexplique ici les bases de la théorie de la descendance modifiée par le moyen de la sélection naturelle, sa rupture avec la théologie naturelle providentialiste, et son détournement précoce par la philosophie politique et sociale du système économique libéral, doublement incarnée par Spencer (« darwinisme social ») et Galton (eugénisme). C’est cette puissante annexion qui rend compte historiquement de l’occultation et de la dénaturation des thèses que Darwin soutiendra onze ans plus tard, en 1871, dans La Filiation de l’Homme, sur l’évolution des sociétés humaines et de la civilisation – thèses qui s’opposent diamétralement au dogme éliminationniste auquel l’intégrisme libéral militant, figeant sa lecture sur la seule Origine des espèces, a longtemps enchaîné le nom du naturaliste.

The logical structure of the Darwinian theory of species transformation by natural selection, as it emerges at the end of 1 859 through On the origin of species, cannot be dissociated from its genesis, and mobilizes successively and complementarily the model of the selective activity of breeders and horticulturists (artificial selection) and that, resulting from Malthus, of the antagonism between population pressures and resources. Around a didactic schema that prevailed since the 1980s, Patrick Tort explains here the bases of the theory of descent modified by means of natural selection, its rupture with the providentialist natural theology, and its early diversion by the political and social philosophy of the liberal economic system, doubly embodied by Spencer (“social Darwinism”) and Galton (eugenics). This huge annexation historically explains the occultation and denaturation of the thesis that Darwin will support eleven years later, in 1871, in the Descent of Man, about human societies and civilization evolution. These thesis are diametrically opposed to the eliminationist dogma to which militant liberal fundamentalism, freezing its reading on the only Origin of species, has long chained the name of the naturalist.

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