La mise en œuvre locale des instruments comme vecteur de déclimatisation des politiques publiques : Le cas de la politique agricole et de la filière banane en Guadeloupe

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2022

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Yves Montouroy et al., « La mise en œuvre locale des instruments comme vecteur de déclimatisation des politiques publiques : Le cas de la politique agricole et de la filière banane en Guadeloupe », Gouvernement et action publique, ID : 10670/1.xyyhsi


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L’article présenté ici participe des travaux sur les processus de climatisation et de déclimatisation des politiques publiques, notamment dans le secteur agricole européen. Notre étude montre que la mise en œuvre de la politique agricole commune favorise les marges de manœuvre des acteurs sectoriels locaux, ce qui augmente leur autonomie. Dans la filière banane en Guadeloupe, ces marges de manœuvre donnent lieu à une réinterprétation en défaveur de la prise en charge du changement climatique. Quatre variables concourent à ce processus de déclimatisation par le bas : une mise en œuvre multi-niveaux organisant une définition au local du contenu des instruments programmatiques européens ; une gouvernance polycentrique locale catalysée par la filière banane ; un agenda environnemental cadré sur la lutte contre les produits phytopharmaceutiques et enfin des arrangements locaux fabriqués pour soutenir la compétitivité de la filière. L’article contribue au numéro spécial en décryptant ce que la mise en œuvre sur un territoire et par un secteur produit sur une politique européenne climatisée. Il montre ainsi que l’appel à programmer le changement ne suffit pas à le générer mais qu’il favorise la résistance des acteurs et la « lutte » des problèmes et leur hiérarchisation. Enfin, l’article contribue à la normalisation de l’étude de l’objet climat. Fondé sur une méthodologie qualitative et une enquête de terrain conduite en Guadeloupe, l’article met ainsi en lumière une déclimatisation de la politique agricole à travers le cas de la filière banane. Cette déclimatisation est rendue possible, tout d’abord, parce que le cadrage de l’agenda politique local marginalise l’intégration du changement climatique dans la programmation de la politique agricole et ce, au profit d’une labélisation en termes de transition agroécologique compétitive définie depuis la filière. Ensuite, le contenu technique des instruments climatisés reste dépendant des barrières sectorielles, ici relégitimées au prisme des vulnérabilités locales et des pratiques agricoles existantes. En effet, nous montrons que la mise en relation entre l’agenda politique local et la mise en œuvre des instruments programmatiques est dépendante d’une action collective fortement structurée par la filière. L’enjeu est de faire des instruments européens climatisés les leviers de la transition agroécologique de la filière. Enfin, cela a été rendu possible car l’association représentant la filière a pallié auprès de ses membres les dysfonctionnements de l’État territorial, alors contraint de travailler étroitement avec celle-ci. L’analyse conclut sur la mise en évidence d’un processus de capture associant acteurs publics et la filière.

The article focuses on a mix of climate-controlled instruments from the Common Agricultural Policy, the MAEC presented here, and is part of the literature on the processes of (de)climatization control of public policies for adaptation in agriculture. The case presented here shows that neither the adaptive multi-level governance nor the territorialized implementation are sufficient conditions for an effective implementation of climate policies. It shows that their implementation in the banana chain in Guadeloupe gives rise to a reinterpretation that is not conducive to the management of climate change. Four variables contribute to this declimatization process: a multilevel implementation organizing a local definition of the content of programmatic instruments; a local polycentric governance catalyzed by the banana industry; an environmental agenda framed on the fight against phytosanitary products; and finally, local arrangements made by the meeting of European actors at the local level and the territorialized agricultural sector and chains. Based on a qualitative survey-methodology and a field survey conducted in Guadeloupe, the article highlights a local declimatization of European climate instruments in the agricultural sector, and particularly in the banana industry. This declimatization is made possible, first of all, by the framing of the local political agenda, which marginalizes the integration of climate change in the programming of the Common Agricultural Policy in favor of a label in terms of competitive agroecological transition. Secondly, the definition of the technical content of climate change instruments remains dependent on sectoral barriers, here relegitimized through the prism of local vulnerabilities and existing agricultural practices focused exclusively on the fight against phytosanitary products, public health issues and economic transition for the banana industry. To this end, the banana industry is engaging in a collective work which places itself in a position of strength to orient local arrangements towards its own objectives. The result is that the agro-ecological and climate measures are captured at the service of an instrumental mix reinvented by the banana industry.

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