1 janvier 2024
Rémi Fontanel, « L'avènement du journal filmé au sein du cinéma français », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10670/1.y1cujw
Au milieu des années 1990, le champ du documentaire français s’ouvre à de nouvelles pratiques auto.bio.graphiques dans celle du journal filmé. Développé par Joseph Morder dès la fin des années 1960, le journal filmé trouve alors à cette époque une nouvelle visibilité dans un contexte marqué par la naissance de la vidéo domestique, le développement de nouveaux réseaux de diffusion et dans une certaine mesure, la participation de la télévision dans la production cinématographique. Pour toutes ces raisons, "La Pudeur ou l’Impudeur" d’Hervé Guibert (1992), s’impose comme un marqueur historique. Dans la lignée des "diaries" américains (le "movie journal" de Jonas Mekas ; le "home-movie" de Ross McElwee), s’en suivent d’autres propositions qui imposent le genre du journal filmé au sein du paysage cinématographique français : "Rome désolée" (1995) devient le film fondateur du « tiers-cinéma » défendu par Vincent Dieutre ; "La Rencontre" (1996) permet au cinéaste Alain Cavalier « d’entrer dans un monde pressenti depuis longtemps. » (in J.-L. Jeannelle, 2009) ; "Omelette" (Rémi Lange, 1997) et "Demain et encore demain : journal 1995" (Dominique Cabrera, 1997) engagent quant à eux l’acte cinématographique sur le terrain de la divulgation d’une vérité sur soi.Cet article voudrait ainsi appréhender le journal filmé en articulant les enjeux esthétiques et éthiques qui en font un genre à part entière au contexte social et culturel qui en a permis l’avènement au sein du cinéma documentaire français dans les années 1990.