Un théâtre de la quintessence. Entretien avec François-Michel Pesenti

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2016

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Louis Dieuzayde, « Un théâtre de la quintessence. Entretien avec François-Michel Pesenti », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10670/1.y2vqyx


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"J'ai toujours fait du théâtre avec méfiance. Je l'ai toujours abordé comme on s'approche d'un animal malade, avec la crainte qu'il morde. Avec un vague dégoût aussi et un vague ennui. Aujourd'hui, après plus ou moins une soixantaine de spectacles, je crois pouvoir encore affirmer que je suis un artiste. Mais je doute être un homme de théâtre, au sens que l'on donne conventionnellement à ce titre. Tant pis, tant mieux. Cet entretien me permet d'énoncer quelques convictions qui me sont autant d'outils pour forer ailleurs, un chemin ou une impasse. Me soustrayant, tant que faire se peut, à la contemplation du théâtre étouffant dans ses graisses. F.-M. Pesenti septembre 2016.Pour interroger le motif de la disparition au sein du langage scénique, un entretien avec un homme de théâtre qui a inscrit ce motif au coeur de son travail de la scène et des acteurs s'imposait. Ainsi s'est initié, s'est renoué en fait, un dialogue avec François-Michel Pesenti, un metteur en scène obstiné des procédures de soustraction et de diminution des ferments de la théâtralité. Si une grande partie de son activité théâtrale s'est déroulée sur un plan international (Suisse, Allemagne, Chine, Japon…) à l'épreuve des grands textes du répertoire européen, il a mené en France, et plus particulièrement à Marseille, qui fut le siège de sa compagnie Le théâtre du Point-Aveugle, une recherche radicale de transformation du langage scénique à partir de ce qui ne s'appelait pas encore l'« écriture de plateau ». La plupart de ses créations, parmi lesquelles Le Séjour (1989), Conversations pièces : les gens sont formidables (1993), Le Corps dans le bois qui brûle (1996), Noeuds de neige (2002), ont constitué des rendez-vous qui ont marqué les spectateurs d'alors, suscitant autant de transports que de résistances. Ce metteur en scène, âgé de 62 ans, grand lecteur de Beckett et de Michaux, fin connaisseur de l'art contemporain, fut l'un des premiers à inventer un théâtre de figures, à frotter l'acteur au réel (de son corps sexué, de ses témoignages autobiographiques, de l'espace de la scène dépouillé tant que faire se peut de toute fiction), à interroger implacablement les fondements du rapport acteur/spectateur. À ce titre, il a poussé assez loin certaines limites tout en maintenant une exigence poétique, ou plutôt en acculant cette exigence poétique à la matérialité souvent dénudée du plateau et des corps, en la poussant dans ses retranchements jusque-là où on ne l'avait que rarement cherché. Ses deux dernières créations, À sec et Purge, au titre littéralement évocateur, s'inscrivent dans la continuité de sa démarche mais elles en offrent une expérience que nous dirions « quintessenciée » : nettement moins violente en surface, bien plus active de façon intrinsèque chez le spectateur, selon nous.

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