Mouvements sociaux urbains et injustice spatiale : la difficile mobilisation des « droits »

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2014

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Claire Bénit-Gbaffou et al., « Mouvements sociaux urbains et injustice spatiale : la difficile mobilisation des « droits » », HAL-SHS : architecture, ID : 10670/1.y4mvwn


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Les mouvements sociaux sont devenus une caractéristique incontournable du paysage politique urbain dans les villes africaines contemporaines-de la mobilisation urbaine contre l'apartheid aboutissant à rendre les villes 'ingouvernables' en Afrique du Sud, et contribuant à la chute du régime en 1994 ; au plus récent mouvement pour la démocratie qui a vu le jour au Maroc, lors du « printemps arabe » de 2011, en passant par les mobilisations politico-ethniques qui ébranlèrent notamment les villes kenyanes au milieu des années 2000. Ces mobilisations ont divers objets de revendication dans la ville, sur la ville, et s'articulent souvent, de manière complexe, autour de notions de justice et d'injustice ou de droits. Cependant, dans le contexte des études urbaines africaines, l'analyse dominante des mouvements sociaux urbains, de même que la rhétorique contemporaine du « droit à la ville », sous-estiment souvent la difficulté que représente le passage à un langage de droits (à la différence par exemple de ce que l'on peut observer dans les villes brésiliennes, voir Holston, 2008). Ces approches partent, peut-être un peu vite, du principe que la contrainte majeure rencontrée par les gens voulant mobiliser leurs « droits » est la répression d'Etat, ou plus largement le manque d'opportunités politiques (Bayat, 1997). Dans ce type d'approche, les habitants sont condamnés à la stratégie de l'« empiétement silencieux » (quiet encrochment) ou de la « résistance au quotidien », car la revendication ouverte de leurs droits les mettrait en danger. Notre approche ici est de considérer le « droit à la ville » dans la mesure seulement où il devient instrument de mobilisation des résidants ; lorsqu'il est explicitement constitué en catégorie de l'action collective, de l'organisation de la société civile ou du débat public. Afin de prendre le « droit à la ville » au sérieux (précisons que nous ne discutons pas ici du concept lefebvrien mais considérons seulement le droit a la ville en tant qu'il devient une instrument de mobilisation politique), nous suggérons qu'il est essentiel d'analyser la manière dont les revendications individuelles et collectives sont formulées et dans quelle mesure elles s'articulent autour de la notion de droit. Pour comprendre autrement les formes de lutte pour la justice ou contre l'injustice spatiales, nous examinons dans ce chapitre la manière dont les mobilisations s'expriment ou non en termes de droits en nous appuyant sur des cas de mobilisations dans des quartiers pauvres du Cap, de Casablanca, de Johannesburg et de Nairobi. Dans les trois contextes nationaux, l'étude des stratégies de résistance quotidienne démontre également un autre niveau de complexité. La mobilisation d'un discours de droits s'affiche le plus souvent en rupture avec les systèmes locaux de gouvernance, de régulation et de redistribution urbaines, qui repose souvent sur des accords formels ou informels à l'échelle locale (de type clientéliste par exemple).

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