Le droit à l’avortement, la dignité humaine et la personnalité du fœtus

Résumé Fr En

Dans son article « La controverse sur l’avortement aux États-Unis », Ronald Dworkin affirmait l’idée que le droit à l’avortement fait partie d’un « projet général ». Ce projet, nous dit-il, consiste en la construction d’une société « véritablement acquise à la cause de la liberté et de la dignité de l’individu » et tout l’objet de ce présent article sera de présenter une défense systématique de l’intuition tout juste esquissée par Dworkin. Il s’agira de montrer que la reconnaissance d’un droit effectif à l’avortement n’est nullement conditionnée par le statut que l’on accorde au fœtus, mais qu’il résulte plutôt du rôle que joue la dignité humaine au sein d’un système juridique libéral. La controverse ne devrait donc pas porter sur le statut du fœtus, mais sur le type de société que nous souhaitons construire. Or, la construction d’une société bridée et décente suppose de limiter ce que l’on est en droit de demander sur le fondement du droit à la vie.

In his article « The Abortion Controversy in the United States », Ronald Dworkin asserted the idea that right to abortion are part of a « general project ». This project, he tells us, is the construction of a society « truly committed to the cause of individual liberty and dignity », and the purpose of this article will be to present a systematic defense of Dworkin’s just-sketched intuition. It will show that the recognition of an effective right to abortion is in no way conditioned by the status accorded to the fetus, but rather results from the role that human dignity plays within a liberal legal system. The controversy should therefore not be about the status of the fetus, but about the type of society we want to build. However, the construction of a restrained and decent society supposes limiting what one is entitled to ask on the basis of the right to life.