Narration, silence. Transmission transgénérationnelle du trauma psychosocial chez des petits-enfants de victimes de la dictature militaire chilienne

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2014

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Ximena Faúndez et al., « Narration, silence. Transmission transgénérationnelle du trauma psychosocial chez des petits-enfants de victimes de la dictature militaire chilienne », Cahiers de psychologie clinique, ID : 10670/1.y5oskw


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Le phénomène de la transmission transgénérationnelle du trauma provoqué par la violence organisée a été étudié dans de nombreux contextes, comme l’Holocauste et les dictatures latino-américaines des années 1970. Dans les deux cas, les recherches ont porté sur la deuxième génération, c’est-à-dire les enfants des victimes. Ce n’est que récemment que les recherches se sont intéressées à la troisième génération, les petits-enfants. C’est le cas de la présente recherche, qui étudie ce phénomène chez les petits-enfants de victimes d’emprisonnement politique et de torture de la dictature militaire chilienne (1973 à 1990). 14 jeunes âgés en moyenne de 21 ans ont raconté, dans le cadre de récits de vie, leurs histoires en tant que petits-enfants de victimes de prison politique et de torture de la dictature militaire. L’analyse des récits fait état d’un processus narratif qui construit, par paliers et au fil des générations, l’histoire de vie des petits-enfants selon une logique de transmission et d’appropriation du trauma, nourrie d’histoires et de mémoires familiales sur l’expérience traumatique de leurs grands-parents, où priment des dynamiques familiales d’évitement et de silence autour de cette expérience. Les petits-enfants ont des connaissances sur les histoires traumatiques de leurs grands-parents et intègrent à leurs histoires des coordonnées temporelles et spatiales pour reconstruire cette expérience. Deux scènes relèvent, dans leurs histoires, d’une importance particulière, en qualité d’événements biographiques qui font irruption dans la continuité biographique et narrative : la scène de l’arrestation du grand-parent, que les petits-enfants imaginent et reconstruisent comme un maillon articulant leurs histoires et qu’ils décrivent dans les détails, et celle de la torture du grand-parent, qui bien que dénoncée par les petits-enfants, marque une rupture générationnelle dans la vie familiale et ne peut être ni représentée, ni narrée, ni intégrée aux récits des petits-enfants.

The phenomenon of the transgenerational transmission of trauma resulting from organized violence has been studied in several contexts, such as the Holocaust and the Latin American dictatorships of the 1970s. In both cases, research has focused on the second generation, the victims’ children. Only recently have these studies paid attention to the third generation, their grandchildren. The article presents a study that considered this third generation, the grandchildren of victims of political imprisonment and torture during the Chilean military dictatorship (1973 to 1990). Through life stories, 14 people, approximately 21 years old, related their experiences as grandchildren of victims of political imprisonment and torture in this period. The analysis of the stories reveals a narrative process which, over a number of stages, transgenerationally constructs the life stories of grandchildren upon the basis of a logic of transmission and appropriation of trauma through family stories and memories about their grandparents’ traumatic experiences, which dominate the family dynamics of avoidance and silence about the past. Grandchildren have information about their grandparents’ traumatic stories, and thus include temporal and spatial coordinates in their own stories to reconstruct their predecessors’ experiences. Two scenes are relevant in the grandchildren’s stories, due to their value as events that interrupt their biographic and narrative continuity: the grandfather’s detention, imagined and reconstructed by the grandchildren as the element that articulates their stories—and thus profusely described; and his torture, which, although denounced by the grandchildren, creates a generational discontinuity in family life and therefore cannot be represented, narrated, or integrated into the grandchildren’s stories.

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