2019
Cairn
Élise Marsicano, « Mixité, inégalité, hétéroconjugalité. La formation des couples chez les migrant·e·s d’Afrique subsaharienne en France », Nouvelles Questions Féministes, ID : 10670/1.y7gsc1
L’auteure part du constat qu’en France, l’union entre une personne immigrée et une personne non immigrée est généralement considérée comme un indicateur d’intégration. Elle propose de déplacer ce regard en abordant la mixité conjugale à partir des discriminations que vivent les groupes minoritaires. Tenant compte à la fois du racisme et de la signification genrée de la mixité, l’article repose sur l’analyse d’une enquête quantitative menée auprès de femmes et d’hommes migrants d’Afrique subsaharienne vivant en France. Il en ressort que si la migration favorise la mixité conjugale, le champ des possibles se referme dans les situations de couple plus formalisées, celles où les deux partenaires vivent ensemble. Ces couples sont en effet majoritairement non mixtes (tous deux sont originaires du même pays), alors que la mixité extra-africaine (le ou la partenaire est d’origine européenne, majoritairement française) et la mixité intra-africaine (les deux partenaires sont de deux pays d’Afrique subsaharienne différents) concernent la majorité des couples non cohabitants. Dans l’ensemble de la population étudiée, l’importance de la mixité intra-africaine donne à voir la manière dont se recomposent les frontières d’appartenance selon des lignes raciales, renforcées par l’expérience d’une condition noire et africaine et par la ségrégation des lieux de vie et de travail. Enfin, l’auteure montre que c’est la conjugalité hétérosexuelle, plus que la non-mixité, qui renforce la domination masculine au sein des relations de couple.