« Abel Nema, l'être sans présence dans Alle Tage de Terézia Mora »

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Emmanuelle Terrones, « « Abel Nema, l'être sans présence dans Alle Tage de Terézia Mora » », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.yd6jep


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S'il n'existe pas de terme précis en allemand pour dire « le clandestin », le personnage dont Terézia Mora, écrivain allemande d'origine hongroise, brosse le portrait dans son roman Alle Tage (2004) est pourtant bien le clandestin par excellence. Pour échapper entre autres à l'appel sous les drapeaux, Abel Nema fuit son pays d'origine – un Etat balkanique jamais nommé qui après sa dissolution le laisse apatride – pour entrer en Allemagne dans « le vaste champ provisoire de la liberté absolue d'une vie sans document ». Abel demeure du début à la fin celui qui « est au monde sans être au monde », un « mirage ». C'est autour de ce « Nicht-Vorhandensein », son identité d'« être non présent », que se cristallisent dans le texte les représentations variées et nuancées de cet homme clandestin. En dotant son personnage de capacités linguistiques hors du commun, en lui offrant toujours et encore des possibilités inouïes, Terézia Mora va à contre-courant de la représentation commune du clandestin : « Je ne voulais pas », dit-elle lors d'une interview, « d'une histoire dans laquelle un homme fuit dans des conditions impossibles, ni qu'il lui arrive tout plein de malheurs et que tout soit très difficile pour lui. Je voulais au contraire qu'il ait tout le temps de la chance, envers et contre toute attente. » Or, malgré le nombre extraordinaire de langues qu'il maîtrise, Abel reste celui qui « parle comme quelqu'un qui ne vient de nulle part ». Toujours absolument seul, toujours « au mauvais endroit au mauvais moment », il n'a pas de place au monde, il « n'est nulle part ». Douteuse, bafouée, reniée, perdue, inexistante, son identité échappe à toute définition. Comblé de chance et de malchance à la fois, Abel Nema fascine et rebute, intrigue et irrite, il représente dans toutes ses contradictions l'énigme sans solution, « un puzzle d'époux grandeur nature », dira sa femme.C'est cette identité paradoxale d'être sans présence que nous nous proposons d'analyser ici ainsi que les stratégies narratives mises en place pour la figurer, afin de mieux cerner la réalité que le clandestin vient interroger et déplacer.

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