2007
Cairn
Eyal Weizman, « Passer à travers les murs », Multitudes, ID : 10670/1.ydcz1f
La manœuvre conduite par l’armée israélienne à Naplouse en avril 2002 repose sur l’interprétation de la maison privée comme une voie de passage, elle revient à « passer à travers les murs ». Elle implique une conception de la ville en tant que médium de la guerre : une matière flexible, quasi liquide, constamment contingente. Un vaste champ intellectuel s’est mis en place depuis la fin de la guerre froide afin de repenser les opérations militaires. Les soldats suivent des cours intensifs pour maîtriser des matières telles que l’infrastructure urbaine ou l’analyse des systèmes complexes, et ils recourent dans ce cadre à une grande variété de théories élaborées dans les sphères universitaires civiles. L’appropriation militaire de ces théories est étudiée ici par le biais d’entretiens avec des officiers et elle laisse entrevoir que, dans la société intégrée décrite par Marcuse, « la contradiction et la critique » sont susceptibles de devenir des instruments au service du pouvoir hégémonique. La subversion du mur devient la prérogative de l’armée israélienne dans les camps de réfugiés palestiniens.