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Thomas Glesener, « Gouverner la langue arabe: Miguel Casiri et les arabisants du roi d’Espagne au siècle des Lumières », HAL-SHS : histoire, ID : 10.1017/ahss.2021.91
Originaire de Tripoli (mont Liban), Miguel Casiri (1708-1791) a exercé une influence importante sur les études arabes en Espagne durant la seconde moitié du XVIIIe siècle. Son empreinte a été traditionnellement appréciée à l’aune d’une histoire intellectuelle focalisée sur son œuvre, qui négligeait largement son activité en tant qu’agent de la Monarchie hispanique. Or, Casiri a collaboré à la consolidation d’un pôle d’expertise en langue arabe à Madrid à une époque où la couronne entendait réfuter rationnellement certains privilèges urbains appuyés sur des textes et des inscriptions en langue arabe. En exhumant la part prise par Casiri dans ces réformes, cet article analyse les modalités conflictuelles de formation d’un champ linguistique spécialisé adossé à la juridiction royale et met en évidence deux lignes de fracture majeures. L’une porte sur la sélection du personnel employé dans l’expertise linguistique, et en particulier sur la manière de réguler les réseaux de la diaspora maronite – qui ont été d’importants fournisseurs de main-d’œuvre. L’autre concerne la définition de l’expertise en langue arabe, opposant les défenseurs d’un savoir spécialisé contrôlé par une communauté de savants et les tenants d’un savoir pratique soumis aux besoins des commanditaires. À rebours d’une histoire intellectuelle de la langue, cet article propose une histoire politique des arabisants, qui replace la connaissance de l’arabe au cœur de la constitution des savoirs d’État.