Documenting the Hirak: From experience to archive Consigner le Hirak : de l’expérience à l’archive En Fr

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Date

2020

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Collection

Archives ouvertes

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info:eu-repo/semantics/OpenAccess

Résumé Fr

: Prenant à bras le corps le déferlement d'images et de sons qui ont dès le premier jour accompagné, traduit, doublé le Hirak, les auteures entreprennent une méditation sur leur « goût de l'archive », ces archives-ci et leur nature singulière autant que révolutionnaire, en ce qu'elles sont aussi inattendues que le soulèvement lui-même. L'histoire de l'Algérie, aussi ancienne que récente, a été trouée et confisquée par un pouvoir constant dans sa stratégie d'occultation. Il est alors décisif d'arrimer ces flux d'images concomitants aux événements aux différents régimes d'apparition, de visibilisation, de mise en récit, de conservation et d'analyse dont ils sont désormais justiciables, ce afin d'éclairer la question plus vaste du désir d'y trouver sa place. « Pensez à recharger votre téléphone, le peuple (donc vous) est en train de se faire son autoportrait debout », note une jeune photographe algérienne dans une sorte de guide de manifestant⋅ e qu'elle partage sur son mur Facebook le 6 mars 2019, moins de deux semaines après le début du soulèvement populaire. Avant même l'explosion politico-festive de pancartes et de drapeaux, c'est effectivement le nombre de smartphones brandis le bras levé par les manifestant⋅ es qui saute aux yeux les premiers vendredis, et ceux qui suivront. Plus d'un an après, les clichés et les vidéos se comptent par centaines de milliers, postés sur les réseaux sociaux, partagés sur YouTube ou tout simplement stockés dans le téléphone, plus rarement rangés par date dans l'ordinateur. Cette fièvre d'images fixes ou en mouvement ne devrait, à vrai dire, plus étonner : elle est désormais un élément routinier de l'action collective et des mobilisations contemporaines, le téléphone faisant partie intégrante du répertoire protestataire, qu'il a par ailleurs contribué à transformer. Le Hirak s'inscrit donc dans une orientation générale : la documentation visuelle est une composante révolutionnaire du mouvement, les deux ne pouvant pas être séparés. Bien qu'on retrouve cette articulation partout dans le monde, elle peut toutefois se décliner localement selon les contextes spécifiques des soulèvements et de leurs devenirs. Force est, en effet, de constater que jamais l'Algérie n'a bénéficié d'une telle couverture et d'une telle abondance d'informations, qui plus est, oeuvre des sien⋅ nes. C'est cette spécificité algérienne que nous souhaitons traiter ici, en discutant la dynamique vernaculaire des faiseur⋅ ses d'image, les photographes, photojournalistes et vidéastes qui sont épaulé⋅ es par les activistes mais aussi par les citoyen⋅ nes ordinaires, puis en la mettant en perspective avec la logique académique des chercheur⋅ ses de sources (voir l'encadré 1 pour la documentation rassemblée). Ces dernier⋅ ères ne sont pas les seul⋅ es à s'inquiéter de la traçabilité de l'événement. Toutes et tous souhaitent médiatiser, diffuser, « témoigner ». Relevant de logiques différentes, ces deux dynamiques se construisent néanmoins autour de la « trace » comme « objet-archive », brouillant ainsi le temps de l'événement et celui de son récit. Elles renseignent in fine sur le rapport que la société algérienne entretient avec son historicité.

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