2010
Cairn
Carole Gayet-Viaud, « Du passant ordinaire au Samu social : la (bonne) mesure du don dans la rencontre avec les sans-abri », Revue du MAUSS, ID : 10670/1.yewvh6
Le trouble qui surgit dans la rencontre avec les sans-abri invite à reconsidérer la capacité de l’indifférence civile à dire le tout des enjeux du côtoiement urbain. C’est l’empêtrement du citadin qu’il s’agit de comprendre, indissociable de la série des éléments qui entravent son engagement auprès des sans-abri, en dépit du trouble suscité par leur présence. D’un côté, les pentes vertigineuses du don plénier, de l’autre les lacunes du don tronqué, le livrent, ballotté entre ces deux écueils opposés, à un sentiment d’impuissance, et au repli sur l’indifférence. Les formes d’innovations dans l’assistance aux sans-abri prennent acte de cette dépendance de l’agir moral aux ressources pratiques, par l’effort mené pour requalifier ces situations comme relevant du secours. L’enjeu est de (re)dessiner un espace clair et efficace pour qu’une réponse, possible et donc exigible, puisse être apportée à même les situations, c’est-à-dire, selon cet horizon à la fois restreint et exigeant, qu’est celui de la relation en face-à-face et en personne.