2020
Cairn
Pierre-Étienne Stockland, « Insectes, teinture et industrie de l’Ancien régime au Premier Empire », Annales historiques de la Révolution française, ID : 10670/1.yf946b
Insecte hémiptère parasite du chêne kermès, petit arbuste typique de la garrigue languedocienne et provençale, le kermès vermilio, fut au Moyen Âge et à l’Époque moderne une matière première essentielle pour teindre en écarlate la production textile. La fragilisation de cet insecte, aujourd’hui en voie de disparition sur tout le pourtour méditerranéen, est intimement liée au destin de sa plante hôte. Le chêne-kermès succombe à la vague de défrichements lancés par l’administration royale à partir de 1770, et qui se poursuivent avec l’accélération de la mise en marché des terres communales à l’époque révolutionnaire et impériale. Le kermès vermilio devient une ressource marginale à la fin du xviiie siècle alors que le commerce colonial prend une place prépondérante dans l’approvisionnement des matières tinctoriales. Le regain d’intérêt observé à l’égard du kermès vermilio à l’époque napoléonienne s’inscrit dans une politique visant à rendre l’Empire autosuffisant en matières premières pour résister à l’assaut de ses industries par les ennemis de la nation.