4 décembre 2015
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Chowra Makaremi, « Border Policies. From Denizens to Legal Ghosts », HAL-SHS : droit et gestion, ID : 10670/1.yhkvmm
Ce chapitre se penche sur le phénomène des migrations transnationales et sur le gouvernement des frontières qui y répond, à travers des pratiques d’enfermement et d’expulsion des étrangers en Europe. La construction des camps d’étrangers, dont relève ce champ d’investigation, témoigne de nouvelles distributions du pouvoir qui passent par l’accès à la mobilité. Une enquête empirique dans ces espaces nous invite à comprendre les pratiques par lesquelles les gouvernements démocratiques administrent des populations non-citoyennes, et la façon dont ces modalités de prise en charge et de surveillance opèrent une reconfiguration des frontières physiques, morales et politiques. Le confinement des étrangers entrecroise plusieurs dimensions : la construction d’un enfermement humanitaire, et les usages institutionnels et militants de différents régimes de droits qui y sont en jeu; les pratiques de prise en charge de populations identitées comme vulnérables; les reconfigurations de la frontière à travers de nouvelles formes réticulaires et zonales; et enfin, l’expérience de circulation que dessinent les archipels de surveillance, et les pratiques de gestion différentielle des mobilités dont participent les zones d’attente. Ces politiques de contrôle migratoire créent un réseau frontalier à l’intérieur du territoire, qui saisit les individus dans des espaces de suspension administrative (celle du« demandeur d’asile-sans papier » mis sous procédure d’asile prioritaire) et des espaces, inter-dépendants, d’enfermement (le centre de rétention administrative, la zone d’attente, la prison de droit commun). Comment se met en place ce dispositif qui réactive les frontières nationales à l’intérieur de l’espace social ?