La tradition ‘almazghi’ dans le Sous (Maroc) : caractéristiques linguistiques et fonctions socioculturelles du code

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2016

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Mohamed Elmedlaoui, « La tradition ‘almazghi’ dans le Sous (Maroc) : caractéristiques linguistiques et fonctions socioculturelles du code », Études et documents berbères, ID : 10670/1.yhyfnm


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Le terme al-maaziγiy ( almazghi, dorénavant) renvoie grosso modo à un large corpus en berbère tashlħiyt, noté en graphie arabe. La section-I en donne ici une définition. Ce corpus occupait une place importante dans l’espace socioculturel de la société traditionnelle du Sous (Maroc). La section-II circonscrit les fonctions socioculturelles de ce corpus. Pour remplir lesdites fonctions dans ladite société, l’ almazghi interférait, en tant que corpus, avec le système d’enseignement de l’époque ; un système à deux vitesses, à savoir un enseignement régulier, avec un curriculum scolaire et pédagogique conçu pour les enfants, et un enseignement parallèle informel, dispensé aux adultes dans les lieux de prière, les zaouïas, les ribats, les souks et les mousseums par des prédicateurs et des inššadn psalmodiant almazghi ; c’est l’objet de la section-III. La section-IV traite des caractéristiques linguistiques d’almazghi en tant que corpus destiné à la masse. En tant qu’intermédiaires socioculturels, les compositeurs, narrateurs et commentateurs d’ almazghi se trouvent en général confrontés, dans leur mission auprès de la masse, à un dilemme en ce qui concerne le style linguistique adopté : d’une part, le devoir de remplir la fonction de principe qui est de faire comprendre à la masse, et d’autre part le souci corporatiste de se démarquer symboliquement de cette masse et de se rattacher moralement à l’élite savante via le symbolisme linguistique ; c’est ce que développe la section-V. Les deux dernières sections, VI et VII, présentent ce que nous considérons comme un nouvel almazghi, qui a émergé à partir des années 1970 du xxe siècle, avec une nouvelle fonction et d’autres caractéristiques linguistiques : alors que l’ancien almazghi avait pour fonction exclusive de transmettre un message religieux véhiculant le système de valeurs qui sous-tendait la société, la langue berbère de la masse n’ y étant qu’ un moyen, la composition dans cette même langue, ainsi que la mise à l’écrit de son corpus oral traditionnel en plus de la traduction à partir d’autres langues, deviennent une fin en soi avec le nouvel almazghi. Et, alors que le souci pour les compositeurs de l’ancien almazghi de se démarquer de la masse les poussait à sacrifier parfois la fonction de faire comprendre via l’étalage d’une profusion d’arabisme pédant que rien ne justifiait lexicalement, l’émergence d’un identitarisme volontariste qui place l’usage littéraire la langue amazighe et sa mise à l’écrit comme fin symbolique en soi, débouche de plus en plus dans une tendance ethnoculturelle à l’ épuration lexicale, au détriment, encore une fois, de la fonction de faire comprendre, mais paradoxalement par un procédé inverse.

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