2019
Cairn
Anne-Marie Mamontoff, « Terrorisme, imaginaires sociaux et mobilités touristiques : comparaison France/Tunisie », Sociétés, ID : 10670/1.yij3ew
L’étude comparée entre la France et la Tunisie depuis 2012 concernant l’effet des attentats terroristes sur les fréquentations touristiques met en évidence des résultats contrastés. En France, malgré un nombre d’attentats très élevé, le tourisme est reparti à la hausse assez rapidement. En revanche, la Tunisie, qui a eu très peu d’attentats impactant le tourisme a subi un effondrement touristique conséquent. Cette différence s’explique par des effets conjugués de contextes sociaux et de « stratégies cognitives » des voyageurs. Le contexte français renvoie une image rassurante, en raison d’un État démocratique et laïque et une sécurisation optimale. Ceci permet alors l’activation de stratégies ou « biais cognitifs » chez les individus, destinés à « ignorer » le risque terroriste pourtant assez probable. La Tunisie affiche un État non démocratique où les pouvoirs politique et religieux vont de concert et, même si le risque terroriste est beaucoup moins probable qu’en France et le pays très sécurisé, il renvoie l’image d’un contexte à risque. Dans ce cas, les voyageurs décodent cette destination à partir de la représentation sociale du terrorisme, dans laquelle l’Islam est contaminé par le terrorisme, ce qui amène de surcroît à classer la Tunisie dans la catégorie des pays dangereux.