« Déportées, exploitées, déshumanisées : la condition féminine dans les camps »

Résumé Fr

Pour des motifs aussi bien pseudo-scientifiques que politiques, les femmes ont été tout autant menacées que les hommes par le régime nazi à partir de l’ouverture du camp de Ravensbrück en 1939 (plus de 130 000 prisonnières). Déportées de force depuis toute l’Europe, elles peuvent être immédiatement condamnées à mort ou mises au travail forcé (90 000 morts au seul camp de Ravensbrück).À travers la mise en esclavage, la perte de liberté et d’identité civile s’accompagne également d’une perte de l’identité sexuée : on renie à la femme ses éléments féminins (cheveux, vêtements, etc.) tandis que l’on tente de modifier son corps (stérilisation, expérimentions pseudo-médicales, etc.).Paradoxe : taux de survie généralement supérieur à la moyenne masculine (en tout cas dans les camps de concentration, pas d’extermination). La chercheuse Claire Andrieu évoque ainsi un taux de 75% de survie chez les Françaises contre 60% pour les hommes . Or, dans le même temps des écrivains masculins survivants comme Primo Levi ou Robert Antelme considèrent que la déportation féminine est pire que leur propre expérience. Certains survivants estiment en effet que les femmes n’ont pas à vivre cela car l’idée d’une féminité dégradée leur est intolérable, tandis que d’autres avancent l’argument que la persécution nazie est encore plus acharnée avec les déportées.Cette communication propose de s’appuyer sur un corpus non-exhaustif, mêlant témoignages littéraires européens, essentiellement issus de survivantes et de survivants. Il s’agit dans un premier temps de définir la déportée / les déportées, et de s’interroger sur l’existence d’une condition concentrationnaire spécifiquement féminine. Enfin, on montrera les différentes stratégies de résistance mises en place par les déportées pour surmonter cette expérience.