2020
Cairn
Léa Derome, « La conception aristotélicienne des fonctions cérébrales », Revue de philosophie ancienne, ID : 10670/1.ykg2vu
Le présent article fait le point sur la théorie aristotélicienne des fonctions cérébrales. La première section établit les raisons qui incitent Aristote à rejeter les théories encéphalocentristes, popularisées par certains de ses devanciers, qui faisaient du cerveau le siège des activités psychiques. Sur la base d’arguments anatomiques, Aristote conclut que le cerveau ne possède aucune fonction sensorielle ou intellectuelle. Or cette exclusion n’implique pas que le cerveau est sans importance physiologique, comme le relève la seconde section. Dans la physiologie aristotélicienne, le cerveau forme avec le cœur et la méninge vascularisée un véritable système intégré de régulation thermique fondé sur l’équilibre des contraires. Tout en étant essentiel à la santé et responsable de la production du sommeil, ce système contribue en outre à l’optimisation des activités sensorielles, et partant, à l’optimisation des activités cognitives qui dépendent de la sensation. Examiner ainsi le rôle du cerveau dans toutes ses ramifications fait incidemment apprécier comment la notion de juste milieu, en l’occurrence de juste milieu thermique, permet à Aristote de problématiser l’efficacité du corps en tant qu’outil de la sensation.