2008
Marie-Luce Demonet, « Les philosophes obscurs : traits et ombres scotistes à l'époque de Rabelais », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.ykp7op
Observant à Fontenay-le-Comte, dans une province riche en commentateurs scotistes pour la période 1480-1520, Rabelais a dû pratiquer ou subir dans sa jeunesse une via Scoti dont son œuvre porte la trace et la critique. Qualifié traditionnellement d'obscur, ce courant théologique s'opposait à l'éclectisme des bénédictins que Rabelais rejoindra, et à la philosophie " pantagruélique " débonnaire, peu théologique et au-dessus des passions. Outre les meilleurs morceaux anti-scolastiques du Pantagruel, Rabelais devrait pourtant au scotisme un terrain favorable à l'écriture romanesque. C'est dans la présentation des futurs contingents que Rabelais montre une connaissance virtuose de la solution scotiste, lorsque Panurge demande au Tiers Livre, " Dois-je me marier ? " et surtout " Serai-je point cocu ? ", qui concernent à la fois la volonté individuelle et la prescience divine, la réalité et la fiction, le factuel et le possible. L'invention du personnage de Panurge le montre comme être individuel participant d'une nature commune.