2011
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Louis Roger Kemayou et al., « Pratique de la prostitution?: regards croisés entre régulation socioéconomique et rejet des normes », HAL-SHS : linguistique, ID : 10.3917/pp.027.0093
À partir d’un constat relatif aux pratiques sociales défiant les interdits ou à tout le moins les valeurs socioculturelles en Afrique subsaharienne, nous avons identifié dans la société camerounaise une recrudescence de la prostitution. Ce phénomène a essaimé des principaux centres urbains de nombre de pays du continent. Et ce, au mépris de ce qu’en dit le législateur et au grand dam de la société. Pratique jadis secrète, la prostitution fait florès et s’expose ; elle s’exerce désormais à visage découvert et sans gêne apparent. Dès lors, porter des regards croisés sur la régulation socioéconomique d’un tel désordre social nous conduit à mettre en tension la configuration de la prostitution telle que subie par la société et/ou perçue comme une pratique marginale. Notre optique pluridisciplinaire mobilise la sociologie économique, l’anthropologie culturelle, la communication, dans les perspectives théoriques convoquant les théories dynamiste et de l’analyse stratégique : l’une pour proposer une approche diachronique de l’objet à l’étude, l’autre pour rendre compte des rationalités qui y sont à l’œuvre aux fins de sa régulation. Au plan méthodologique, nous avons eu recours à l’ethnométhodologie pour explorer en profondeur, le quotidien des acteurs aux fins de mettre en exergue le sens et la représentation que ces derniers construisent autour de ce « désordre ». Cette approche qualitative a requis, outre l’observation de racolages dans les rues ou dans d’autres lieux de loisirs, la conduite des entretiens semi-dirigés dont nous proposons une analyse des propos. Les résultats auxquels nous sommes parvenus sont les suivants : la prostitution pour dynamique qu’elle paraît, l’est moins suite à l’accommodation des citadins en général au phénomène, qu’au laxisme des pouvoirs publics et à l’influence de réseaux relationnels et autres protecteurs qui tirent grand profit de cette activité. Nonobstant les efforts dont les acteurs de la prostitution font montre pour contourner les normes sociales, ils ne sont pas moins perçus comme une menace sur l’intégrité des mœurs locales, tant les conditions de vie des prostituées ne s’améliorent pas ; tout au plus survivent-elles à peine en pratiquant ce métier.