2012
copyrighted
Paule Lévy, « American Pastoral, la vie réinventée », CNED, ID : 10670/1.yl18ww
Premier volume de la célèbre « trilogie américaine », portrait d’une vie et vaste fresque de l’Amérique en proie aux turbulences des années soixante, American Pastoral de Philip Roth se présente comme un roman à la fois subversif et déroutant, tissé de con-tradictions et de paradoxes, jalonné d’abruptes ruptures narratives et stylistiques. La satire sociale féroce et décapante y cohabite avec une nostalgie vibrante pour l’Amérique d’autrefois, celle des manufactures prospères et des « neighborhoods » chaleureux. L’évocation brutale, sans concession, des événements historiques se double d’une méditation ambiguë sur la fragilité et l’imprévisibilité des destins individuels. Elle débouche sur une réflexion épistémologique laissant une large part à l’ironie et au doute. Fidèle à sa veine métafictionnelle, Philip Roth se livre en outre à une brillante démonstration des pouvoirs infinis de la fiction. Il met en scène dans une prose riche d’images et de symboles ce qui constitue à ses yeux le propre même du génie américain et peut-être de l’être humain : la foi dans la possibilité de se réinventer, le temps d’un rêve – ou celui d’un cauchemar. Oscillant sans répit entre l’ironie et le lyrisme, la distance et l’empathie, American Pastoral se présente comme une réalisation magistrale : du bel œuvre, cousu main, par un auteur qui sait ne pas prendre de gants.