7 juillet 2016
info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Rafael Pedemonte, « La guerre pour les idées en Amérique latine : relations politiques et culturelles avec l'Union soviétique : une approche comparative (Cuba-Chili, 1959-1973) », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.ym1h0t
Après l'arrivée au pouvoir des révolutionnaires cubains en 1959, l'Amérique latine s'insère de plain-pied dans la« guerre froide pour les idées», suscitant un intérêt croissant de la part des deux superpuissances : les États-Unis et l'Union soviétique. Quant à cette dernière, le bouleversement social à Cuba incite le Kremlin à porter un regard intéressé sur l'île des Caraïbes, un pays qui deviendra plus tard, après une phase de divergences (1962-1968), un allié fidèle de Moscou. Mais le rapprochement de l'URSS avec La Havane entraîne également une doctrine spécifique envers d'autres pays du continent latino-américain. C'est le cas du Chili, un État qui, sous la présidence d'Eduardo Frei (1964-1970), noue des accords ambitieux avec l'Est, encourageant des échanges accrus. Cette tendance, interrompue tragiquement suite au coup d'État de Pinochet en septembre 1973, se renforcera après la victoire électorale de Salvador Allende en 197 0. Outre l'essor des relations politiques ou économiques, l'administration soviétique à l'ère de Nikita Khrouchtchev s'efforce de mettre en place une vigoureuse diplomatie culturelle, ce qui se traduira par des interactions grandissantes avec la Cuba castriste et le Chili des années 1960 et 1970. Alors qu'à Santiago, la culture soviétique est appelée à dévoiler un côté positif d'un pays méconnu, à Cuba, elle devient vite un indice des liens privilégiés tissés entre deux États qui font désormais partie du même« camp idéologique». Cependant, les effets que les échanges culturelles produisent ne sont pas les mêmes dans les deux régions analysées, engendrant des représentations sociales hétérogènes, voire ambivalentes, indissociables de chaque contexte. Par le biais d'une perspective comparative, fondée sur les priorités soviétiques à Cuba et au Chili, il est possible de prendre la mesure des spécificités de la politique extérieure du Kremlin en Amérique latine ainsi que des effets variés que la nouvelle proximité provoque. Cette approche nous autorise aussi à constater que les rapports à l'égard d'un État conditionnent souvent la politique menée envers l'autre, érigeant une « logique triangulaire» des relations URSS-Chili-Cuba.