La disponibilité de l'animal pour la greffe d'organes. Débats et controverses

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2022

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Catherine Rémy, « La disponibilité de l'animal pour la greffe d'organes. Débats et controverses », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.ym77e4


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Une innovation biomédicale interroge de manière particulièrement vive les relations entre humanité et animalité, il s'agit de la xénogreffe : la tentative de prélever des organes chez des animaux afin de les greffer chez des humains. Cette pratique qui demeure, pour le moment, expérimentale, mais dont un essai clinique sur un patient vient d'être récemment tenté 1 , interroge ce que j'ai appelé les « frontières d'humanité » 2. Quel est le statut de ces animaux donneurs dont les organes sont considérés comme suffisamment proches, voire identiques pour être substituables à des organes humains ? Dans un tel contexte de proximité physio-biologique assumée, comment pense-ton la question technico-morale de l'instrumentalisation ? Concernant les humains receveurs, qu'en est-il des effets de l'incorporation de cette partie animale ? Cette pratique de soin est-elle synonyme d'une définition renouvelée de « l'échelle des êtres » 3 ? Pour comprendre les effets de la xénogreffe sur les « frontières d'humanité », j'ai mené une double enquête, à la fois historique et ethnographique. Car la xénogreffe est une pratique ancienne qui apparaît au moment des premiers essais de transplantation : le corps des animaux est alors, contrairement à celui des humains, disponible sans retenue. Dès le début du XXe siècle, dans les écrits des chirurgiens, la disponibilité du corps des animaux est ainsi décrite comme un rempart à celle du corps des humains 4. A travers la question de la xénogreffe, se profile donc l'importance de cette notion de disponibilité pour penser les relations entre humanité et animalité : pour de nombreux scientifiques ou chirurgiens, l'instrumentalisation des corps non-humains est présentée comme une protection des humains. L'enquête historique concerne des essais de xénogreffes qui ont eu lieu dans les années 1920, en France, puis dans les années 1960 et 1980 aux Etats-Unis. Cette étude de cas m'a permis de suivre la trajectoire de l'innovation et des controverses 5 qu'elle a suscitées. Ces controverses sont centrales pour mieux cerner les rapports qui se nouent entre humanité et animalité à travers cette pratique biomédicale. L'autre pan de ma recherche est une ethnographie de scientifiques qui tentent de réaliser aujourd'hui des xénogreffes. Cette enquête m'a permis de comprendre, entre autres, la façon dont cette question de la disponibilité est posée en pratique mais aussi la manière dont sont traités et perçus les animaux donneurs, en l'occurrence des porcs génétiquement modifiés, ou pour le dire autrement « humanisés », et cela afin de rendre leurs organes plus compatibles.

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