24 octobre 2023
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Ariane Lefebvre, « « en la ramembrance de la haute renommee du bon roi Artu » : un faux départ arthurien ? Étude des noms propres et des désignations dans Artus de Bretagne », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.yoic03
En tant que vecteurs de matières narratives, les noms propres constituent les premiers indices de l'appartenance d'une œuvre à un univers de fiction. Ils conditionnent un horizon d'attente, font naître chez le lecteur le souvenir de récits antérieurs, issus de traditions tant orales qu' écrites. Si ses témoins manuscrits et éditions anciennes le nomment Artus le Restoré ou Le Petit Artus de Bretaigne, et si la critique moderne lui attribue le titre Artus de Bretagne, c'est que le roman tardif (vers 1300) examiné ici se revendique de l'univers arthurien grâce à des noms comme Arthur, Lancelot et Gauvain. Mais il s'agit pourtant d'un véritable fake out : il apparaît à la lecture du roman que les personnages venus de l'univers arthurien ne constituent pas sa principale préoccupation tandis qu'une variété d'anthroponymes et toponymes circule dans le texte, annonçant la présence d'autres matières. Le nom propre offre dès lors au lecteur un riche champ d'investigation pour saisir la poétique du roman aiihurien tardif. Ce dernier, loin de se limiter à une seule matière, tradition ou influence, déconstruit les frontières de la fiction, joue sur les décalages et sur les limites du réel et organise une géographie qui trace des frontières finalement poreuses entre chaque univers de fiction. Ce sont ces particularités que notre thèse explore grâce à l'analyse des différentes modalités du nom propre, de ses conditions d'apparition et de ses conséquences sur la poétique du roman.