2017
Cairn
Alexandre Sheldon-Duplaix, « Les capacités de projection des marines indienne et chinoise », Stratégique, ID : 10670/1.yp17k8
La Chine comme l’Inde développent d’abord leurs capacités de projection pour exorciser de vieux démons : l’unification de la nation chinoise avec le « retour » de Taiwan d’une part et la neutralisation du Pakistan d’autre part. À travers la modernisation de son armée, la Chine a déjà atteint l’objectif politique de rendre impossible une indépendance de droit à Taiwan. Plus largement la nouvelle marine chinoise a pour mission de dissuader ou retarder une intervention américaine ou américano-japonaise à Taiwan. En même temps, les capacités de projection chinoises intimident les voisins des mers de Chine orientale et méridionale avec lesquels Pékin partage des différends territoriaux. Mais l’intérêt chinois n’est pas d’initier un conflit. Pour Pékin comme pour New Delhi, les porte-avions sont des plates-formes de défense aérienne – à l’image des porte-aéronefs anglais pendant la guerre des Malouines - pour protéger les deux flottes et pas l’inverse comme dans les occidentales. Pour l’instant, les porte-avions moyens chinois et indiens ne sont pas comparables à leurs grands frères américains mais à terme, les deux pays aspirent à ce modèle. Source de fierté pour les citoyens et de légitimité pour le pouvoir politique, le programme de porte-avions devient aussi un signe de statut international, pour la Chine seul membre du conseil de sécurité qui n’en possédait pas et pour l’Inde qui aspire au conseil de sécurité. Ils peuvent contribuer au soft power des deux nations en apportant de l’aide humanitaire en cas de catastrophe naturelle. Ils peuvent servir de plates-formes pour l’évacuation de ressortissants, en particulier en Afrique où les communautés chinoise et indienne sont importantes.