LE WESTERN OU LA SOUVERAINETÉ ÉTATSUNIENNE EN QUESTION DANS LE CHAMP CULTUREL

Résumé Fr

Il y a peu de voix aujourd'hui excepté parmi les populations autochtones d'Amérique du Nord pour affirmer que les États-Unis ne seraient pas souverains sur leur territoire national, ou que leur souveraineté serait usurpée et illégitime. Pourtant, les États-Unis étant construits sur la colonisation du continent nord-américain et ayant fondé leur mythologie politique nationale sur l'expansion impériale vers l'Ouest, la question de la souveraineté étatsunienne sur le territoire occupé aujourd'hui par les États-Unis se pose à la fois dans l'histoire 1 et la culture 2 nationales. Et il y a un genre en particulier dans l'histoire culturelle étatsunienne qui a systématiquement interrogé le droit des États-Unis à la souveraineté sur un territoire gagné par la colonisation : le western. Dans ce chapitre, je m’attache à illustrer par différents exemples tirés du western cinématographique depuis ses débuts jusqu’à la période contemporaine comment le genre a pu problématiser la notion de souveraineté étatsunienne dans le champ culturel autant qu’il a contribué à sa légitimation. Je me pencherai d’abord sur certains procédés et motifs par lesquels le western naturalise le droit étatsunien au territoire nord-américain et consolide la souveraineté nationale sur le territoire colonisé. Mais je montrerai ensuite comment le genre travaille également cette souveraineté à partir de deux points d’entrée : la représentation du territoire sur lequel elle est censée s’étendre ; et la représentation de la force responsable de son installation. Mes exemples abordent intentionnellement le western sans distinction entre les périodes de production afin d’illustrer que ce travail critique est une constante plutôt qu’un développement récent dans l’histoire du genre.