Volodine, le roman singulier de la fin de l’individu

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18 septembre 2018

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Gaspard Turin, « Volodine, le roman singulier de la fin de l’individu », Presses Sorbonne Nouvelle, ID : 10670/1.yqdj92


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Le rôle du roman dans l’avènement de l’individu et de l’individualisme contemporains est fondamental. On peut lire son rôle à travers l’histoire comme celui d’un façonnage du sujet, de son étayage et de sa complexification. Les plus grandes figures romanesques voient leur individualité s’embroussailler pour suggérer une forme de fragmentation, voire pour sombrer dans la folie (de Don Quichotte à Patrick Bateman). Dans cette double dynamique de construction et de déconstruction, la littérature contemporaine française s’est trouvé diverses manières de se réapproprier l’individu. Mais peu d’auteurs ont opéré une approche aussi radicale qu’Antoine Volodine, chez qui l’individu humain, voué à une extinction rapide, voit son identité s’affaiblir progressivement et se reconstituer sous forme de groupe ou de meute, dans la perspective deleuzienne d’un devenir-animal. Sous couvert d’un réexamen désabusé des utopies égalitaristes, les personnages de ses romans se fondent en collectifs ou en communes, résistant comme ils le peuvent à l’inhospitalité du monde post-apocalyptique qui les entoure. Ils meurent très souvent, ils ne tiennent jamais qu’à un fil, mais leur interchangeabilité les protège de l’extinction totale, le temps de dire ce qu’ils ont à dire. En parallèle, l’identité énonciative s’effrite également, les personnages-narrateurs des romans prenant peu à peu le rôle de seuls énonciateurs, puis d’auteurs du texte, tandis que Volodine lui-même multiplie les identités, publiant même sous d’autres hétéronymes et dans diverses maisons d’édition. En morcelant ainsi l’individualité de la figure de l’écrivain aussi bien que celle de ses protagonistes, Volodine parvient dans un même mouvement à collectiviser profondément ses destinataires, tout en développant une œuvre parfaitement singulière. Mais cette singularité lui appartient moins qu’elle ne se diffuse dans ses lecteurs.

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