2021
Cairn
Miriam Cutino, « « Lire » dans l’Antiquité tardive : Ἀνάγνωσις, συνανάγνωσις, ἔντευξις », Revue de philosophie ancienne, ID : 10670/1.yqmc3n
Cette enquête est motivée par la coexistence dans l’Antiquité tardive de trois mots exprimant d’une façon différente la lecture : ἀνάγνωσις, qui signifie « lire à haute voix » ; συνανάγνωσις, c’est-à-dire « lire avec quelqu’un » ; ἔντευξις, qui, parmi différentes significations, présente celle de « lecture » au sens général. À partir du Ve siècle ap. J.-C., leur emploi est strictement lié à deux phénomènes importants : le premier est l’introduction des mots ἀνάγνωσις et συνανάγνωσις dans la pratique d’enseignement de l’école néoplatonicienne comme synonymes indiquant une lecture exégétique des œuvres anciennes par le maître ; le deuxième concerne la diffusion de la formule « ceux qui lisent » (ἐντυγχάνοντες) ou « ceux qui vont lire » (ἐντευξόμενοι) dans les avertissements au lecteur des premiers commentaires composés directement sous forme écrite dans l’Antiquité tardive.Cette étude vise à démontrer que dans le milieu de l’école néoplatonicienne le couple ἐντυγχάνοντες / ἐντευξόμενοι est en rapport de conséquence avec le couple ἀνάγνωσις / συνανάγνωσις, exprimant un point de vue différent sur le destinataire : en effet, l’ἀνάγνωσις / συνανάγνωσις, en tant que pratique orale, est immédiatement reçue par l’élève, qui possède les aptitudes et les compétences appropriées pour comprendre ; le commentaire, en revanche, en tant que transposition de l’enseignement à l’écrit, doit faire face à deux difficultés : l’explicitation ponctuelle du sens caché dans les textes anciens que les lecteurs ont déjà sous les yeux (ἐντυγχάνοντες) ; et la persuasion d’un public de lecteurs (ἐντευξόμενοι), qui liront le commentaire.