Pascal, penseur du désordre

Résumé En Fr

The doctrine of the three orders which distinguishes and hierarchizes flesh, spirit and charity is obviously one of the major themes of Pascal’s thought. But it appears that Pascal meditates as much on the disorder – and dis-order – induced by sin and the corruption of our nature as on the hierarchy and the heterogeneity of these three kinds of reality. In the world he describes, in fact, not only is everything overturned – the lowest order, that of the flesh, now dominating the other two – but also everything is confused – pleasure, for example, obtaining the credence that normally belongs to science, and the flesh invading the order of the spirit through custom and imagination. To maintain then, as several commentators do, that no interference between the orders is possible, so that tyranny can only exist in the state of desire, is in our view to adopt a more Stoic than Pascalian point of view. For to deny disorder is also, according to Pascal, to deny sin by projecting into the second nature the memory of the first.

La doctrine des trois ordres qui distingue et hiérarchise chair, esprit et charité constitue à l’évidence l’un des thèmes majeurs de la pensée pascalienne. Il apparaît cependant que Pascal médite autant le désordre – et le dés-ordres – induit par le péché et la corruption de notre nature que la hiérarchie et l’hétérogénéité de ces trois genres de réalité. Dans le monde que décrivent les Pensées, en effet, non seulement tout est renversé – l’ordre le plus bas, l’ordre de la chair, dominant désormais les deux autres –, mais encore tout est confondu – l’agrément, par exemple, obtenant la créance qui revient normalement à la science et les corps, plus largement, s’invitant dans l’ordre de l’esprit par le biais de la coutume et de l’imagination. Soutenir, comme le font plusieurs commentateurs, que la tyrannie ne peut exister qu’à l’état de désir, parce qu’aucune interférence entre les ordres n’est possible, revient ainsi à adopter un point de vue au fond plus stoïcien que pascalien. Car d’après Pascal au contraire les hommes doivent cesser de projeter dans la seconde nature le souvenir de la première en reconnaissant humblement que l’ordre qui aurait dû prévaloir n’est plus.

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