30 novembre 2009
Stéphane Miglierina, « Satires sociales et pratiques théâtrales à Milan au XVIIe siècle : la dramaturgie du moindre mal de Carlo Maria Maggi », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.yrlo7x
Carlo Maria Maggi (1630-1699), poète et dramaturge lombard, propose, dans ses cinq comédies dialectales, une réforme de la comédie : dans une tension entre formation jésuite conservatrice et volonté de renouveau moral par la satire sociale, il établit une dramaturgie du moindre mal. Elle se fonde sur la vertu aristotélicienne de l’eutrapélie pour éviter les excès. Synonyme de la demi-mesure et du juste milieu, le moindre mal théâtral est la solution pour lutter contre le désenchantement (nécessaire) du monde. L’étude littéraire, linguistique et l’histoire des spectacles permettent de forger cette dramaturgie de la comédie droite et modeste, que lui-même n’a jamais explicitée.Maggi est envisagé sous trois angles: l’homme du siècle, c'est-à-dire l’élève et l’ami des jésuites, formé à leur école de l’oralité et le poète, qui, de l’éloge pétrarquisant d’Eros, passe à la célébration de l’amour divin. Cet homme du siècle expérimente les genres théâtraux, de la pastorale aux drames en musique, suivant une veine comique qui annonce ses comédies. Maggi est ensuite dramaturge : il centre sa satire sur la ville. La comédie nouvelle est urbaine : la Milan des affaires, celle du cloître et celle des salons sont autant d’occasions d’édifier son public par l’arme du plurilinguisme et de l’ironie, faisant émerger un mythe du bon peuple urbain, avec son personnage clé: Meneghino.Maggi est enfin chorège (organisateur de spectacles) et l’on comprend de l’étude des conditions de représentations au Collège des Nobles de Milan l’importance de la conjoncture dans l’écriture des comédies, les ancrant profondément dans leur époque et limitant leur fortune théâtrale dans les siècles suivants.