Mémoires de la révolution nicaraguayenne : Sergio Ramírez et Gioconda Belli, de l’événement historique au récit de soi

Résumé Fr

Cette étude se propose de mettre en regard les mémoires de la révolution sandiniste écrits par les deux romanciers nicaraguayens les plus connus, également impliqués en leur temps dans le processus révolutionnaire : Adiós muchachos. Una memoria de la revolución sandinista (1999) de Sergio Ramírez (prix Cervantes 2017), et El país bajo mi piel. Memorias de amor y guerra (2001) de Gioconda Belli. Ces mémoires, “miroirs” possibles (ou subjectifs) de soi mais aussi de l’histoire, s’inscrivent dans une démarche de récupération et de préservation de la mémoire individuelle et collective — ils ne sont pas les seuls au Nicaragua où une tradition de littérature de témoignage a vu paraître plusieurs écrits, mais la notoriété de ces deux auteurs et leur engagement leur confèrent une autorité particulière.Nous commencerons par des précisions définitoires et génériques concernant mémoires, témoignage et autobiographie afin de voir dans quelles écritures du moi s’inscrivent les auteurs, de même que nous éclaircirons les liens complexes entre mémoire et histoire, tout aussi connexes qu’elles sont contradictoires. Puis nous nous intéresserons aux résonances individuelles et collectives qui constituent ces mémoires proposant une histoire personnelle de la révolution, selon certaines stratégies narratives — paratextuelles et compositionnelles. Nous questionnerons enfin les représentations et les enjeux que dévoilent ces écrits mémoriels, entre discours et imaginaires, entre mémoire de l’événement et récit de soi.