2011
Cairn
Nicolas Lebourg, « La diffusion des péjorations communautaires après 1945 : Les nouvelles altérophobies », Revue d'éthique et de théologie morale, ID : 10670/1.yxkqas
Ce que l’on peut dénommer « altérophobie » est le versant négatif du sentiment d’appartenance communautaire. L’extrême-droite occupe, depuis la fin du xixe siècle, le terrain du nationalisme politique, à la française ou à l’allemande. Aujourd’hui, ce qui se joue autour de l’islamophobie correspond à la plus récente dépréciation « altérophobique ». L’emploi de ce terme n’est pas à rejeter systématiquement, à moins de supprimer aussi racisme, antisémitisme, etc. En France, la préférence nationale devient une thématique qui ab initio ne concernait guère néo-fascistes et néo-nazis, en raison d’une sympathie marquée pour les mondes arabo-musulmans. La naissance du Front national a joué un rôle important dans cet infléchissement. Le conflit israélo-palestinien a fait croître deux altérophobies exclusives l’une de l’autre. Le débat médiatique n’a pas permis d’ajuster ou d’affiner les concepts. Le discours antitotalitaire a tenté de rationaliser les débats avec plus ou moins de succès. La défense irréfléchie des sociétés ouvertes augure mal d’une nouvelle ère de sociétés fermées.