28 janvier 2022
Amelie Bescont, « Faut-il redessiner les contours de la responsabilité des femmes justiciables ? : Sur l’agentivité des sujets pénaux du féminisme », Archive ouverte de Sciences Po (SPIRE), ID : 10670/1.yzko46
A l’appui des critiques féministes juridiques de l’agency, nous interrogeons les implications que les sous-bassements théoriques libéraux de nos régimes de pénalité ont pour le traitement des sujets pénaux du féminisme. A partir d’une généalogie des savoirs criminologiques qui furent dédiés à partir de la fin du XVIIIe siècle à l’objectivation de l’agir criminel des femmes, puis d’une étude déconstructionniste des portraits moraux des « femmes battues maricides » – et en particulier de Jacqueline Sauvage – que les acteurs et actrices de la pénalité (néo)libérale véhiculent, nous investiguons ici les formes de responsabilité sociales, morales et juridico-politiques qu’ielles imputent aux femmes justiciables et aux sujets qui leur sont apparentés. L’analyse des effets délétères que ces portraits moraux induisent pour les sujets de droit féminins soulève la nécessité qu’il y aurait de réarticuler notre théorie juridique de la responsabilité à une compréhension intrinsèquement féministe – et plus « sociale » – de l’agentivité. Des lectures de l’agency telle que celle que Judith Butler avance dans les travaux qu’elle dédie à l’analyse des ressorts de la responsabilité du sujet agissant, nous permettent de renouer avec une compréhension féministe, foucaldienne et psychanalytique de cette disposition humaine, qui nous incite à mieux prendre en compte lorsque nous lui imputons un acte, les formes de vulnérabilités qui sous-tendent les modalités même de son agentivité, et qui conditionnent notamment les passages à l’acte des sujets pénaux du féminisme.