2020
Cairn
Rozenn Nakanabo Diallo, « Sortie(s) de guerre et conservation de la nature : Trajectoire d’un parc national au Mozambique », Gouvernement et action publique, ID : 10670/1.z04nhn
Depuis l’époque coloniale, le parc national de Gorongosa est le fleuron des politiques publiques de conservation au Mozambique. Or, il est aussi au cœur des sorties et reprises de confrontations armées, dont les logiques et les configurations ne cessent de changer : guerre de libération nationale des années 1960 à 1975, conflit civil entre Frelimo et Renamo de la fin des années 1970 à 1992, puis résurgences depuis les années 2010 des tensions entre Frelimo et Renamo. Une bonne part des affrontements se localise précisément autour de Gorongosa, alimentant un vieil imaginaire collectif autour de la symbolique d’un espace naturel dont le contrôle (ou du moins la prévention des attaques) est synonyme de victoire militaire et de domination politique à l’échelle nationale.Alors même que le pays est officiellement dans une situation de post-conflit, que le mandat de maintien de la paix des troupes des Nations unies au Mozambique a pris fin en 1995, que le Mozambique est depuis lors considéré comme un « chouchou des bailleurs », que le parc national de Gorongosa est géré dans le cadre d’un partenariat public-privé largement financé par une fondation philanthropique, c’est bien le conflit, ou la possibilité du conflit, qui innerve le quotidien en général, et l’action publique de la conservation en particulier. Cet article interroge ainsi sur la longue durée le caractère profondément indéterminé de la notion de « sortie de guerre », en analysant la relation élastique entre politiques publiques de conservation et permanence de la guerre.