12 décembre 2014
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Éric Jacobée-Sivry, « La poétique de l’interstice chez Hédi Bouraoui », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.z0zcy1
Né en Tunisie, ayant passé son enfance en France, ayant enseigné la littérature comparée à l’Université York de Toronto, au Canada anglophone, Hédi Bouraoui s’est trouvé au carrefour de trois cultures, et cela a marqué son œuvre littéraire. Croyant dans le « transculturalisme », c’est-à-dire en un réel dialogue entre les cultures, ce poète et romancier en est venu à écrire entre les cultures, entre les genres et entre les langues. Selon lui, c’est le poétique qui dans l’œuvre littéraire permet le mieux ce type d’écriture ouverte, par laquelle l’écrivain ne se replie pas sur lui-même et sa culture d’origine, mais écrit en symbiose avec toutes les diversités qu’offre le monde. Qu’est-ce que cette poétique de l’interstice a d’original dans l’univers de la littérature francophone d’aujourd’hui ? Que lui apporte-t-elle ? En quoi se démarque-t-elle des préoccupations collectives ou individuelles des écrivains et poètes du mouvement de la négritude ? En quoi se démarque-t-elle aussi, par exemple, de la théorie du « Tout Monde » du poète Edouard Glissant ? Cette poétique de l’interstice en vient à favoriser une écriture de la connivence entre poètes dans le recueil Livr’errance, mais aussi entre l’écrivain et ses lecteurs. Ce désir de connivence dans la création comme dans la réception de l’œuvre littéraire n’est-il pas, même en partie, utopique ? Enfin, Hédi Bouraoui estime que, dans son œuvre, c’est le poétique qui permet le mieux de réaliser une écriture de l’interstice ainsi définie. C’est le poétique qui voyagerait le plus facilement dans les autres genres littéraires. Pourtant le récit vient souvent se glisser dans le poème au sein de son œuvre. Ne s’impose-t-il pas parfois à lui ? De même, le théâtral ne vient-il jamais s’immiscer dans ses récits transpoétiques, dans le conte transpoétique, dans la poésie même ? Faut-il analyser seulement l’œuvre d’Hédi Bouraoui sous l’angle d’une transpoétique, ou également sous l’angle de ce que l’on pourrait nommer une trans-narrativité et une trans-théâtralité ?