2001
Cairn
Claire Blanche-Benveniste, « Préposition à éclipses », Travaux de linguistique, ID : 10670/1.z47c35
Les prépositions dites « faibles », à, de, en, ne peuvent pas se trouver devant QUE en français (il en va de même en anglais). Il importe peu que le QUE en question soit analysé comme une conjonction ou comme un pronom relatif. Deux solutions sont possibles en français : une solution « pauvre » qui consiste à supprimer la préposition, comme dans J’ai besoin qu’il vienne, où l’on devrait avoir une préposition DE, comme dans J’ai besoin de cela, et qu’on analysera donc avec un DE sous-jacent, J’ai besoin Ø qu’il vienne. Une solution « riche » qui consiste à ajouter un CE servant d’appui, Je m’attends à ce qu’il vienne. Dans les tournures clivées, la suite préposition + QUE n’est pas davantage possible * c’est à sa mère à QUE je pense. La solution « pauvre » consiste à enlever la préposition, c’est à sa mère Ø que je pense. La solution « riche » consiste à choisir, lorsque c’est possible, un pronom relatif QUI ou LEQUEL, plus solide que QUE, c’est à sa mère à qui je pense, c’est à sa mère à laquelle je pense. Dans les deux cas, la répartition entre les deux solutions ne semble pas prévisible par des règles strictes. Cette répartition varie selon les usages et il ne semble pas qu’on puisse voir une évolution diachronique de l’une à l’autre des deux solutions.