2007
Cairn
La plupart des films dans lesquels intervient un rêve usent de celui-ci comme d’un artifice narratif. Les Mystères d’une âme, réalisé par Pabst, échappe à cette règle ; les songes, directement représentés, ou racontés par celui qui les a faits, s’intègrent complètement à la trame du récit. Le film réalise ainsi trois opérations distinctes. L’évocation des rêves, préparée par un traitement décalé des images de vie diurne, ne surprend pas le spectateur qui tente au contraire d’utiliser les songes pour comprendre le personnage. Les rêves représentés et les rêves rapportés par le héros ne sont pas identiques, le film parvient à suggérer la distance séparant les impressions perçues durant le sommeil du compte-rendu qui en est donné. Enfin, le film s’efforce-t-il d’illustrer le processus de la cure analytique, le protagoniste, mû par des pulsions meurtrières, parvient à les surmonter en étudiant ses rêves avec un analyste. Ce dernier point fut, dès la sortie du film, l’objet de critiques, on reprocha au réalisateur de simplifier le freudisme en négligeant la composante sexuelle de la névrose homicide. Le film n’est cependant pas une œuvre didactique et il demeure un exemple rare d’attention aux formes des sensations nocturnes.