7 décembre 2017
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Kevin Ladd, « De quoi l'utopie est-elle la connaissance ? Peine, règle et langage (autour d'Orwell) », HAL-SHS : philosophie, ID : 10670/1.z69f6b
Que les récits utopiques et contre-utopiques sont-ils censés nous apprendre que nous ne sachions déjà – que l'état du monde pourrait être meilleur, ou pire, qu'il n'est ? Qu'ont-ils à nous dire de la sanction pénale, comme concept et comme pratique, et que celle-ci nous apprend-elle en retour des limites de l'utopie comme récit et comme discours ?En mettant l'accent sur les références explicites, dans 1984, à la suppression systématique de tout ce qui pourrait ressembler à une règle, et en resituant le roman dans le contexte social et colonial de l'expérience orwellienne de l'injustice pénale, cet article montre que les lectures d'Orwell inspirées de Rorty, Foucault et Deleuze, et centrées sur les notions de pouvoir, de discipline et de contrôle, manquent en partie leur objet. Ni simple « satire », ni « prophétie », ni « expérience de pensée », 1984 exprime la grammaire profonde de notre conception libérale du droit pénal, comme le dirait Wittgenstein. S'il n'est jamais question pour Orwell de dénoncer l'utopie comme intrinsèquement dangereuse, 1984 révèle toutefois qu'il est impossible d'en saisir l'élément de perfection par le droit. En ce sens, la « dernière utopie » des droits humains (S. Moyn) n'en est pas une.