Le rire dans l’entretien sociologique

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2011

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Umr 7367 Dynamiques Européennes et al., « Le rire dans l’entretien sociologique », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.z74vrs


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Le rire dans l'entretien sociologique trop souvent, le sociologue a tendance à poser négligemment deux parenthèses autour du mot « rire » lors de la retranscription de ses entretiens. Pourtant l'apparente banalité de cette « décharge émotionnelle » (Freud 1931), ne peut qu'interroger la curiosité du sociologue. Je chercherai conséquemment dans cet article à réévaluer la place et la fonction du rire dans la situation d'entretien sociologique. Les références que j'emploierai sont issues de différentes disciplines, de la psychologie avec Le mot d'esprit et ses rapports avec l'inconscient de Sigmund Freud (1931), de l'histoire grâce à l'apport de deux articles de Jacques Legoff (1993), de la philosophie (Bergson 1959) et bien sûr des sciences sociales (Dericke 2006). Afin de dresser les contours de cette étude, je débuterai par une approche méthodologique de ce que j'appelle-rai l'entretien ludique, une méthode d'entretien par le jeu. Puis j'esquisse-rai une typologie des différents types de rire qui peuvent apparaître dans mes entretiens, pour finir par aborder la question du rire comme révélatrice de problématiques sociologiques. L'entretien ludique, une introduction n L'entretien ludique est une méthode d'enquête sociologique que j'ai élaborée afin de répondre aux difficultés inhérentes à l'entretien auprès d'enfants et d'adolescents. C'est en effet sur cette population que je travaille pour ma thèse sur La culture religieuse des adolescents français et allemands et leur appréhension de la pluralité religieuse. L'un des obstacles méthodologiques majeurs à la réalisation d'entretiens auprès de cette population est d'obtenir sa confiance1. Il n'est pas vain de parler ici de confiance et de rappeler que l'exercice difficile de l'entretien sociologique présuppose l'acceptation, par l'interviewé, du risque de se confier. En sortant du cadre de la sécurité ontologique de sa vie quotidienne, celui-ci perd les repères qui structurent sa réalité. Nouvelle spatialité, autre temporalité, comment dès lors rendre la nouvelle réalité qu'est l'entretien le moins " étrange " possible ? Mon expérience professionnelle d'animateur ainsi qu'une réflexion théorique m'ont amené à penser le jeu comme l'objet médiateur susceptible de répondre à ces difficultés. J'adopte en ce sens la notion de « culture ludique » développée par Gilles Brougères (2002) qui affirme à son sujet que « le joueur doit partager une partie de cette culture pour pouvoir jouer ». Cette notion me semble heuristique-ment féconde et la population qui m'occupe partage clairement cette culture2. Selon Brougères, reprenant partiellement Roger Caillois (1958), cinq éléments constituent le cadre du jeu et de la culture qui lui est rat-tachée : la règle, le second degré, la décision de participer, l'incertitude et la frivolité. Mon hypothèse est que chacun de ces éléments possède une forte affinité avec l'entretien sociologique auprès d'adolescents3. Pour le démontrer, j'aborderai chacun de ces éléments séparément. L'entretien sociologique obéit tout d'abord à un certain nombre de règles plus ou moins tacites ; J'insisterai particulièrement sur la dimension spatio-temporelle strictement délimitée et une interaction verbale encadrée par les questions du sociologue. L'incertitude est quant à elle une dimension essentielle du jeu comme de l'entretien, tant il est important de permettre à l'interviewé de s'exprimer le plus librement possible et d'empêcher ainsi l'entretien d'emprunter une tournure préformatée.

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