2016
Samantha Frénée, « Tracing Cymbeline's unnamed Queen », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.z9br5v
Que recouvre un nom ? Ou plutôt que représente l’absence de nom ? Telle est une des énigmes mises en lumière par la pièce de Shakespeare, Cymbeline, dans laquelle la reine n’est jamais nommée. Nous ne savons donc pas qui elle est ; nous ne connaissons pas son lignage, sa nationalité ni ses origines ethniques. Elle n’a aucune identité individuelle, et, à la place, joue une variété de rôles stéréotypés : reine ou méchante belle-mère, mère ambitieuse ou sorcière intrigante. Cependant, on peut supposer que dans Cymbeline le rôle de la reine s’inspire d’un certain nombre de personnages tirés de l’histoire britannique et romaine : Boudica, Cartimandua, Livia et Agrippine.En outre, en replaçant la pièce de Shakespeare dans le contexte historique de la cour jacobéenne, la reine de Cymbeline fait ressortir le débat politique sur l’unification de l’Angleterre, du pays de Galles et de l’Écosse pour constituer la Grande Bretagne. Elle représente l’opposition politique au projet de James I et, en tant que telle, elle est perçue comme l’ennemie, l’étrangère, « l’Italienne » et la sauvage pour laquelle l’influence civilisatrice du colonisateur romain a été clairement un échec. De plus, en l’absence de nom, elle n’a pas de place dans l’histoire, montrant ainsi la voie vers l’anonymat historique de la nation si les membres de son île n’acceptent pas le « progrès » promis par l’union.