25 mai 2021
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Gilles Rabin et al., « A qui appartient la mémoire des gares ? Un manifeste pour une géopoétique engagée des infrastructures: Entretien avec Gilles Rabin réalisé par Nacima Baron le 17 avril 2021 àParis », HAL-SHS : géographie, ID : 10.4000/echogeo.21513
Dans ce livre, j’ai voulu expliquer que la construction matérielle de la forme urbaine –aussi bien que l’élaboration des idées et des images qui forment la mémoire vived’une ville – entretiennent des rapports à la fois très puissants et très enchevêtrésavec une infrastructure aussi massive que des lignes de chemin de fer et des gares. Àpartir du cas évidemment très particulier de Berlin, je montre l’intérêt d’interrogerl’infrastructure de transport urbain du point de vue historique et mémoriel, urbain etsocial, culturel et psychologique. Pour moi, la grande gare est comme la cathédraledu 19e siècle. Elle permet de remonter le temps et de saisir ce qui fait l’âme d’une villeà travers trois dimensions. La gare de Friedrichstrasse nous introduit d’abord à ce quipersiste dans le temps de la ville, à la résistance des lieux, des formes et des symboles.Ensuite, cette gare unique révèle aussi ce qui rend Berlin unique parmi les villes,comme toutes les villes qui sont des objets jamais sériels, toujours singuliers. Enfin,l’excavation dans le passé de la gare et de la ville fait aussi accéder à une certainerémanence (ce qui reste quand tout change), et c’est aussi un sujet car Berlin est l’unedes villes d’Europe qui a connu la plus grande frénésie de reconstructions depuis lachute du Mur et le retour des institutions de l’État allemand.