1 juillet 2020
Véra Léon, « On ne naît pas photographe, on le devient. Contribution à une histoire sociale et genrée des formations artistiques et techniques en France (1945-1982) », HAL-SHS : études de genres, ID : 10670/1.zaq8n4
Au carrefour des sciences de l’éducation, de l’histoire sociale et genrée, et de l’histoire de la photographie, cette thèse déploie une perspective inédite sur les discours et les pratiques entourant la formation des photographes, de la nationalisation de l’École technique de photographie (Louis Lumière) à la création de l’école d’Arles. S’appuyant sur une variété d’archives et d’imprimés, de sources orales et visuelles, articulant diverses échelles d’analyse, elle offre un panorama de l’apprentissage et des écoles formant à la photographie, ainsi que des métiers du secteur. Elle interroge les enjeux politiques, pédagogiques et genrés des formations artistiques et techniques au moment de la massification du système d’enseignement secondaire et supérieur.La première partie de la thèse décrit le basculement entre l’hégémonie de l’autodidaxie et la norme de la scolarisation – stratégique face à l’essor de la pratique amateur. À travers l’analyse croisée des discours syndicaux, politiques, et transnationaux, elle interroge leurs motivations idéologiques et leurs ressorts institutionnels. Elle analyse aussi leurs paradoxes, qui favorise l’émergence d’un marché éducatif privé. La deuxième partie retrace, en contrejour, les dynamiques présidant à l’essor des diplômes et formations consacrées. Elle met en évidence l’élargissement sélectif des publics de cet enseignement, et les luttes pour l’élitisme au sein même du métier. Elle étudie également les contradictions entourant cette orientation professionnelle, le caractère exclusif des contenus enseignés, des carrières et des profils encouragés freinant notamment l’accès des femmes à certains secteurs – expliquant par exemple la masculinisation des effectifs diplômés à l’École nationale. La dernière partie dépeint les expériences des jeunes photographes face à ces différentes normes scolaires, professionnelles et genrées. Elle explore les paroles et les images par lesquelles ils et elles expriment résistances, ambivalences et critiques vis-à-vis de l’institution scolaire et des hiérarchies internes au système photographique.