L’Empire du rythme – disco et discipline

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2024

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Walter Hughes et al., « L’Empire du rythme – disco et discipline », Audimat, ID : 10670/1.zbpr5y


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Dans cet article pionnier datant de 1994, l’universitaire de Princeton Walter Hughes reprend le flambeau de la défense de la musique disco, que personne n’avait plus véritablement soulevé depuis l’article célèbre de l’intellectuel socialiste gay Richard Dyer « In Defence of Disco » (1979). À l’ère de Saturday Night Fever et du succès planétaire de ce genre, Dyer refusait la vision marxisante un peu facile qui voyait dans le disco un simple produit capitaliste, et ses fans comme des êtres aliénés. Non content de replacer l’écologie disco dans celle de la vie des minorités sexuelles, Dyer proposait aussi à la gauche d’assimiler les désirs et émotions exprimés par cette musique comme de potentiels vecteurs de libération.Quinze ans plus tard, il semble encore indispensable à Hughes de défendre la qualité artistique du disco. Une telle volonté de légitimation peut aujourd’hui nous paraître décalée tant ce genre a infusé dans la culture populaire et est devenu l’objet de cultes, de rééditions multiples (de l’italo disco à Patrick Cowley), et de reprises, sous une forme parfois bien diluée, dans de nombreux hits de variétés. Mais en affirmant l’importance du plaisir disco, Hughes s’intéresse aussi et surtout à une grande question qui allait traverser toutes les années 1990, annoncée par la fameuse compilation EBM de chez Mute en 1991, Tyranny of the beat, dont les notes de pochettes parlaient d’une société sous la « loi martiale du rythme » et d’un « couvre-feu disco ». La dialectique entre soumission et libération suscitée/imposée par une musique machinique et répétitive fut au cœur des expériences et des discours sur la house et la techno.La lecture de Hugues montre que les coordonnées du débat n’ont pas beaucoup changé, mais permet de saisir comme rarement ce qui compte dans ce « continuum disco » : la reddition absolue des danseur·euses à son programme érotique, à sa façon de pénétrer les hommes comme les femmes. Comme le montre Hugues, c’est parce que le disco reste une musique sans orientation vers une fin, et sans limites temporelles a priori, c’est parce qu’il est fait d’une infinité de transformations et de répétitions qu’il est libérateur, sexuellement, mais aussi socialement, particulièrement pour le public gay. À travers cet exposé des régénérations et des fluidités permises par la disco, où des danseurs souvent blancs et gay s’abandonnent aux chants de divas souvent noires et hétérosexuelles, se dessine aussi, bien plus tragiquement, le rôle d’une musique de fête en temps de pandémie et la façon dont elle fait partie des stratégies de résistance à l’horreur quotidienne portée par la maladie, en l’occurrence du Sida, dont Hugues est mort à 35 ans, en 1995, un an après la publication de cet article.

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