2020
Cairn
José Oliveira Martins, « Scalar Dissonance and the Analysis of Polytonal/Modal Mismatch in Twentieth-Century Music », Musurgia, ID : 10670/1.zc0skt
Cet article s’appuie sur les intuitions et points de vue du début du siècle – notamment ceux de Milhaud (1923), Koechlin (1924), Casella (1924) et Bártok (1943) – relatifs à la polytonalité/polymodalité, comprise comme une modulation simultanée et une dissonance en couches superposées. Sur ces bases est introduite la notion de dissonance scalaire comme modèle analytique qui cerne les interactions à plusieurs niveaux entre les échelles. Ce modèle établit un cadre conceptuel et une représentation graphique qui portent sur la structure musicale combinée et qui s’inspirent de l’analogie avec la théorie de la dissonance métrique. Le cadre conceptuel ainsi établi sert de principe régulateur à l’interprétation des rapports d’échelle. La dissonance scalaire permet de mesurer le degré d’inadéquation ou de frottement ainsi que le degré de porosité/perméabilité entre des fragments d’échelles distincts. L’approche analytique se distingue des autres moyens d’étude théoriques des échelles, comme par exemple la conduite des voix. Elle pose les fondements d’une stratégie d’écoute qui favorise la réorientation perceptive entre les couches. À travers l’étude de l’interaction des couches et de la syntaxe dans la musique de Milhaud, Bartók et Ravel, elle constitue enfin la base d’une appréhension expérimentale des textures contrapuntiques de la polytonalité.