2019
Cairn
Magali Bessone, « Les réparations au titre de l’esclavage colonial : l’impossible paradigme judiciaire », Droit et société, ID : 10670/1.zcopuy
L’hypothèse défendue ici est la suivante : les demandes de réparation au titre de la traite et l’esclavage colonial ne peuvent pas être pensées exclusivement sous le paradigme de la justice corrective. Dans ce paradigme, elles sont interprétées comme la traduction judiciaire de politiques d’identité, exigeant, au nom d’une logique d’indemnisation, des ressources financières dues collectivement et exclusivement aux membres des groupes identifiés comme victimes, ou bien, au nom d’une mise en concurrence des passés, un « devoir de mémoire » qui n’est pas une obligation de justice. Cette interprétation est erronée mais cohérente dans la logique du droit de la responsabilité civile. La manière dont elle est construite sera traitée en analysant les arguments du jugement rendu le 29 avril 2014 opposant deux associations ainsi que des personnes physiques à l’État français au nom de sa « responsabilité » dans la traite et l’esclavage.