La perfectibilité chez Rousseau

Résumé 0

La perfectibilité chez Rousseau est-elle condamnée à susciter la polémique et la contradiction ? L'incohérence apparente entre la promotion d'une faculté de perfectionnement inhérente à l'homme et la critique virulente du progrès exige de comprendre comment la spécificité de la définition rousseauiste de la nature humaine peut laisser place à la dénonciation d'une culture en décadence. Partant d'une détermination précise de l'idée de perfectibilité, il paraît plus aisé de saisir le nœud qui lie la nature humaine à sa réalisation historique. Aussi pour dissiper les désaccords au sujet de la critique d'une société des progrès faut-il apprécier la virtualité propre de la perfectibilité qui, en tant que faculté de perfectionnement, se profile encore comme une faculté ambivalente. Cette appréciation allant de pair avec la reconnaissance d'une perfectibilité s'appliquant autant à l'individu qu'à l'espèce, conduit d'une part à justifier cette double attribution, et d'autre part à examiner les conditions de possibilités de celle-ci. Par là, c'est le statut de "faculté" de la perfectibilité qui est interrogé, incitant la réflexion à se porter sur la formation individuelle et la place de la perfectibilité dans le processus pédagogique, tel que Rousseau l'expose dans son traité de l'éducation. Penser les caractéristiques de la perfectibilité et leurs possibilités, ne peut se faire sans une détermination des rapports qu'entretient la perfectibilité avec les autres facultés. Si Rousseau veut résorber l'écart entre la nature et la culture, il doit pouvoir définir les moyens par lesquels l'individu peut espérer faire bon usage de cette faculté ambivalente. Et pour ce faire, il est primordial de s'attacher au rôle des circonstances dans l'actualisation des potentialités humaines, ainsi qu'au dialogue à établir entre perfectibilité et liberté. L'examen de la perfectibilité chez Rousseau doit permettre une nouvelle lecture de ce "chaos d'idées simples" qui, autrement reliés, veut donner à chacun les clés de son propre devenir.