Les mémoires religieuses de l'Europe : interrelation et discontinuité des espaces publics nationaux et européens

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Bérengère Massignon et al., « Les mémoires religieuses de l'Europe : interrelation et discontinuité des espaces publics nationaux et européens », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.zddqvb


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De nombreux phénomènes disent aujourd'hui la résurgence de la question religieuse en Europe. Cette situation permet de renouveler la réflexion sur la religion comme pierre de touche des évolutions politiques et mémorielles dans un espace politique en construction.La récente tentative de faire référence aux racines chrétiennes de l'Europe, c'est-à-dire d' « incorporer dans le patrimoine historique de l'Europe son apport identitaire au nom de son universalité » (Mink, 2007), fait apparaître des revendications nationales très hétéroclites, s'inscrivant tantôt dans des effervescences mémorielles particularisantes, pour des communautés religieuses plutôt closes, tantôt des tentatives de participer à la construction de l'espace politique européen, à ses controverses, et d'y défendre l'utilité sociale de la mémoire religieuse pour cet espace émergent. Se dessine pour certains acteurs la même vision des religions dans l'espace public comme participant, dans l'optique d'une communauté postnationale, au développement d'une culture publique partagée et à une mémoire historique commune. Au cœur de leurs développements, l'idée que le désaccord apparu dans ces controverses est fondateur, la question de l'inscription d'un principe de transcendance étant indécidable. L'européanisation des mémoires, pour autant qu'elle soit une réalité, renvoie ici beaucoup plus au processus décrit récemment par Ulrich Beck de « narration de l'européanisation » qui prenne acte des tentatives comme des échecs de mettre en sens une identité européenne dans la perspective théorique de la modernisation réflexive (Beck & Grande 2007 [2004]).Face à cette pluralité d'utilisation de la ressource religieuse nationalement, le niveau européen permet-il de dépasser cette aporie et de proposer des outils de dialogue ?La construction européenne se présente comme une méthode de résolution des conflits par la réconciliation des mémoires. Cette volonté s'applique-t-elle aux religions ? Les organisations religieuses européennes participent-elles de cet effort ? Au début de la construction européenne, des mouvements religieux s'engagent en faveur de l'Europe : ils combinent œcuménisme et réconciliation franco-allemande. Aujourd'hui, les Institutions européennes placent au cœur de leur autodéfinition le refus de la Shoah, à travers des célébrations et des discours en direction des communautés juives. De plus, par sa politique étrangère et de sécurité commune (PESC) » et différents programmes de la Direction générale Education et culture, la Commission européenne a pour ambition d'éviter le « clash des civilisations » entre Islam et Occident, notamment à travers le partenariat euro-méditerranéen ; celui-ci comprend un volet interculturel et interreligieux. Mais le plus souvent, la construction européenne se bâtit dans l'amnésie du fait religieux (Weigel, 2005) avec ce qu'il comprend de conflits passés (Préambule de la Constitution européenne, défi de l'adhésion de la Turquie, musée de l'Europe à Bruxelles...). Ainsi, tantôt l'UE active ses mémoires religieuses, tantôt elle les neutralise. Ces mécanisme d'occultation et d'anamnèse (Kalinowski, 2003) doivent-ils être interprétés en termes de dépassement de toute définition substantielle de l'être ensemble (Habermas, 2000), à vocation interne, avec à la marge, en direction de l'extérieur, des recours ponctuels ?

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