L’anthropologie et l’essor de la classe bureaucratique-managériale

Résumé Fr En

De nombreux changements au sein de la discipline anthropologique – en particulier le « tournant postmoderne » des années 1980 – ne peuvent être pleinement compris qu’à la lumière des transformations majeures qui se sont opérées dans la recomposition contemporaine des classes sociales et, en particulier, par rapport au rôle de l’université dans la reproduction d’une classe bureaucratique et managériale, laquelle a fini par supplanter tous les éléments relevant de la classe ouvrière au sein des principaux partis politiques dits « de gauche ». L’anthropologie réflexive, ainsi que ce que j’appelle le « foucaldisme vulgaire », bien que passant pour des formes d’activisme, semblent surtout incarner la conscience prédominante propre à cette classe. En lieu et place de ces mouvements intellectuels et militants, cet essai entend promouvoir une démarche alliant soutien aux mouvements sociaux et une politique préfigurative au sein de la sphère académique.

Many changes within the anthropological discipline – particularly the «postmodern turn» of the 1980s – can only be fully understood in the light of the major transformations that have taken place in the contemporary recomposition of social classes and, in particular, in relation to the role of the university in the reproduction of a bureaucratic and managerial class, which has ended up supplanting all working-class elements within the main so-called “left” political parties. Reflexive anthropology and what I call “vulgar Foucaldism”, while passing for forms of activism, seem above all to embody the predominant consciousness of this class. In place of these intellectual and activist movements, this essay aims to promote an approach that combines support for social movements with a prefigurative politics within the academic sphere.