2015
Cairn
Mathieu Bonzom, « Le régime d’immigration des États-Unis : politiques migratoires, hégémonie, et mouvements sociaux », Politique américaine, ID : 10670/1.zk2027
Le « système d’immigration » des États-Unis est souvent considéré comme « en panne », mais cet article entreprend de rendre compte de sa dynamique politique et de ses implications pour les mouvements sociaux des immigrés. À partir des recherches contemporaines sur les politiques migratoires et sur les mobilisations d’immigrés et à la lumière de la philosophie politique d’Antonio Gramsci (concept d’hégémonie, notamment), il est possible de comprendre le régime d’immigration des États-Unis comme une synthèse instable mais fonctionnelle de demandes politiques en partie contradictoires, émanant aussi bien des élites économiques et politiques, que des opposants les plus déterminés à l’immigration de masse, ou des immigrés eux-mêmes. Inégalement satisfaisante pour les parties en présence, une telle synthèse favorise pourtant leur consentement à une même politique, qui entretient une large population d’immigrés aux droits plus ou moins limités, mais disposés à les attendre. Toute analyse des secteurs de la société civile et des mouvements sociaux qui concernent et impliquent les immigrés doit prendre en considération ce fonctionnement complexe, auquel il est plus difficile d’échapper que de contribuer. La théorie du régime d’immigration débouche donc sur un programme de recherche sur les organisations et mouvements pour les droits des immigrés qui envisage sous un jour nouveau l’influence de l’État et des secteurs dominants de la société.